
Le département de Podor détient à lui seul plus de 100 000 hectares sur les 240 000 hectares de la vallée du fleuve Sénégal. Avec ses cours d’eau et ses terres fertiles, il est naturel que Podor joue le rôle de véritable grenier du pays. Certes, une partie de cette superficie reste encore non aménagée, mais les terres déjà valorisées suffisent largement à tirer le département hors de l’insécurité alimentaire.
À cela s’ajoutent les nombreux programmes et projets lancés par l’État et ses partenaires pour accompagner les producteurs : le MASAE avec le SD3C, le PADAER avec le FIDA, pour ne citer que ceux-là. Ces initiatives ne sont pas de simples slogans, elles se traduisent par des financements concrets. Pour cette campagne hivernale, près de 700 millions de francs CFA sont injectés au profit de 13 coopératives agricoles. Dans mon propre village, nous avons obtenu une convention signée pour 61 millions, avec seulement 5 % de participation locale. Ces fonds, non remboursables, sont transformés en intrants qui doivent permettre de travailler nos champs. Chaque producteur rembourse en nature la valeur de ce qu’il a reçu, et une fois l’opération achevée, la somme devient un fonds de roulement permanent pour la coopérative.
Les conventions sont signées, les intrants en route. Maintenant, le vrai travail commence. Plus de place aux hésitations ou aux “et si jamais…”. Le Président ne labourera pas, le Premier ministre ne sèmera pas, et le MASAE ne désherbera pas. C’est au producteur de se retrousser les manches.
Il faut le dire clairement : ces financements ne doivent plus disparaître comme par enchantement au profit de “chasseurs de fonds”. Nous n’avons pas le droit de gaspiller ces opportunités. L’échec n’est pas une option. Chaque sac d’engrais, chaque semence, chaque goutte d’eau doit être utilisée à bon escient, car il y va de l’avenir du producteur et de sa communauté..
L’État a fait sa part en mobilisant les moyens. Il revient désormais aux producteurs d’assurer les résultats. Et c’est là qu’intervient la responsabilité : travailler avec sérieux, gérer avec transparence et rendre des comptes. Ce financement peut radicalement changer nos vies si et seulement si nous l’utilisons avec discipline et rigueur.
Podor a la terre, Podor a l’eau, Podor a les moyens. Ce qu’il reste, c’est le travail.
Ousmane Sy , in chroniques citoyennes