
Parmi les axes déclinés par Moustapha Mamba Guirassy pour ‘’faire évoluer le système éducatif vers une société éducative inclusive et efficiente’’, figure en bonne place la promotion de l’enseignement de l’anglais dès le bas âge.
A ce propos nous avons rencontré monsieur Ababacar SY soussa triple casquette d’inspecteur de l’enseignement, de professeur et docteur en anglais. Résumé d’un entretien avec un passionné de l’éducation et de la langue de Shakespeare.
Présentation
Dr Sy : « Engagé comme instituteur en 1998, je suis inspecteur de l’éducation et de la formation en service à l’IEF de Kébémer auparavant j’ai enseigné l’anglais de 2003 à 2012.Auteur de deux mémoires de recherches pour l’obtention du CAEM et du CAES sur « Improving communicative competence in fourth form students » et « Developing writing skills in Terminales ». J’ai par la suite soutenu mon doctorat en 2016 et publié un article sur l’anglais au primaire à l’Ecole doctorale de la faculté des Lettres.
L’anglais dans le monde
Dr Sy : « C’est la langue la plus parlée dans le monde après le chinois et l’espagnol. C’est surtout la langue internationale prédominante, enseignée dans 118 pays ; langue commerciale, diplomatique, internationale. C’est la langue des sciences, de l’aviation, de l’informatique et du tourisme. Mais c’est, par dessus tout, la langue de la communication internationale et d’internet car la plupart des sites sont en anglais ; c’est une passerelle vers ce monde numérique. Il s’y ajoute que 53 pays désignent la langue de Shakespeare comme leur langue principale et 118 autres dont le Sénégal l’adoptent comme langue secondaire. Cette réalité linguistique en fait une compétence essentielle pour quiconque souhaite voyager et découvrir le monde. De même, l’anglais est solidement ancré dans le monde professionnel, c’est un puissant moyen de communication universelle. »
Situation de l’enseignement de l’anglais au moyen et au secondaire au Sénégal
Dr Sy : « Globalement à la fin du cycle moyen comme du secondaire, les performances des élèves sont très en deçà de attentes. Les apprenants éprouvent beaucoup de difficultés à s’exprimer couramment à l’oral et à l’écrit. En classe l’accent est mis sur la correction au détriment des compétences de communication. En dehors de la classe, les apprenants ne sont pas exposés à la pratique. Cependant, à l’analyse, toutes ces raisons militent pour une introduction précoce de l’anglais dès l’élémentaire voir le préscolaire. »
Avantages d’un enseignement précoce de l’anglais
Dr Sy : « Sur le plan psychologique, il est plus facile d’apprendre une langue quand on est jeune. Le cerveau à cet âge absorbe mieux les informations et saisi pus rapidement les schèmes. Ce qui permet une meilleure assimilation des nouvelles langues. De ce fait, le meilleur moment pour apprendre l’anglais est de commencer dès l’élémentaire. Nonseulement les enfants ont plus d’énergie et de motivation mais ils sont aussi plus aptes à apprendre par le jeu. Par ailleurs, l’anglais peut aider l’enfant à développer l’amour de la lecture, à exceller dans d’autres matières, à mieux prendre en compte la diversité des cultures et l’ouverture d’esprit. »
Difficultés identifiées
Dr Sy : « Elles peuvent être de plusieurs ordres : morcellement de l’enseignement contraire au principe généraliste du CEB, dépenses supplémentaires liées à l’introduction de l’innovation, marginalisation de certaines activités, surcharge pour les apprenants, gestion des emplois du temps et du quantum horaire, réticences des acteurs … »
Proposition pour une intégration dès la rentrée
Dr Sy : « Elle requiert une mise à l’essai dans des zones rurales comme urbaines avant la généralisation. Il faudra donc sensibiliser les différentes composantes de la communauté éducative identifier les causes de réticences, faire le diagnostic des répercussions dialectiques. Il faudra aussi disposer d’un référentiel de formation qualitatif, d’une équipe technique et d’une coordination nationale pour l’anglais, d’une collaboration entre la direction de l’enseignement élémentaire et celle de l’enseignement moyen général. »
Dernier mot
Dr Sy : « J’invite tous les acteurs à se mobiliser et à travailler en synergie pour relever les innombrables défis qui nous interpellent étant entendu que la finalité de toute réforme est de contribuer à l’éducation et à la formation de citoyens engagés et aptes à contribuer à l’avènement d’une société éducative pour un Sénégal prospère et souverain. »